Depuis quelques années, la lecture numérique est passée du statut de simple curiosité, à celui d’activité répandue. Ainsi, chacun est libre de lire le format qu’il préfère selon la situation. Pourtant, la lecture numérique possède de nombreux détracteurs qui sembleraient voir cette technologie disparaître.
Nous allons passer en revue les arguments ressassés afin d’étudier s’ils possèdent une part de vérité.
« La lecture numérique fait mal aux yeux. C’est comme lire sur PC, c’est insupportable ! »
C’est faux. Il existe une différence entre une liseuse et une tablette numérique.
Une tablette, ou un PC, utilisent un éclairage qui est dirigé directement vers nos yeux ainsi qu’une lumière bleue, d’où ce sentiment de fatigue et de picotement pouvant survenir après plusieurs heures d’utilisation.
Une liseuse utilise une technologie appelée e-ink (encre électronique) et si vous connaissez les fameux écrans magiques, alors vous pouvez avoir une idée globale de ce que cela peut donner visuellement. Disons les choses simplement : si vous éteignez la lumière, vous serez dans l’incapacité de lire sur une liseuse, tout comme un livre papier.
Bien entendu, il existe des liseuses dotées d’un rétro-éclairage, mais il s’avère différent de celui d’une tablette ou un PC. Le possible rétro-éclairage d’une liseuse est construit pour se diriger vers le texte et non vers les yeux du lecteur.
« Un livre numérique peut s’effacer et se perdre trop facilement. »
Oui et non.
Un livre numérique peut effectivement être supprimé ou corrompu, mais comme pour tout autre fichier numérique, il suffit de prendre quelques précautions comme effectuer des sauvegardes. Il faut également reconnaître qu’un livre papier n’est pas intouchable. Il peut subir un arrêt d’impression ou une rupture de stock, empêchant certains lecteurs de mettre la main sur un livre désiré, et je ne parle même pas des problèmes d’insectes comme les termites ou les mites, sans compter les autres risques de dégradation.
« Les liseuses ne sont pas du tout écologiques. »
L’argument a sa part de vérité puisque les liseuses sont constituées d’éléments polluants, mais nombreuses sont les études qui ne semblent pas prendre en compte tout le tableau.
On voit souvent une comparaison entre la production d’une liseuse et d’un livre. Cela me paraît peu viable puisqu’une liseuse peut contenir des milliers de livres, tandis qu’un livre, ne sera qu’un seul livre. Je pense qu’il faudrait plutôt comparer la production d’une liseuse avec le nombre de livres qu’elle peut contenir afin que les résultats soient plus exacts. Toutefois, j’accepte l’argument.
« La lecture numérique, c’est la porte ouverte à la médiocrité à cause de l’auto-édition. »
Oui, bien entendu, les éditeurs ne produisent jamais de livres pauvres d’un point de vue artistique, et sont toujours à l’affût du chef-d’œuvre qui révolutionnera la sphère littéraire… N’est-ce pas ?
Pour beaucoup de personnes, l’éditeur c’est le Saint Graal, et si vous auto-éditez votre livre, c’est parce que vous n’êtes qu’un raté qui ne mérite pas d’écrire. Pourtant, est-ce que les livres présents dans la librairie du coin sont tous des chefs-d’œuvre inégalés ?
Être éditeur, c’est aussi penser aux rentrées d’argent. À votre avis, si demain, un éditeur reçoit un manuscrit innovant et le manuscrit de la vie du président, lequel sera édité ? Je ne dis pas que toutes les personnes auto-éditées sont des artistes incompris, cependant, être imprimé ne veut pas non plus signifier avoir un talent incroyable.
Par ailleurs, l’auto-édition peut être un choix tout à fait réfléchi. Un contrat d’édition peut posséder des clauses inacceptables, et même si certains éditeurs peuvent amadouer un auteur avec de belles paroles sur la volonté de mettre en lumière des personnes talentueuses, la vérité peut s’avérer bien plus chaotique.
En bref, il y a du bon et du moins bon dans les deux camps, et il serait agréable de balayer ses préjugés. Si un livre vous a intéressé avec son résumé, ne vous braquez pas s’il est auto-édité alors que vous auriez sauté à pieds joints s’il était imprimé chez un éditeur.
« Un livre numérique n’est pas un vrai livre ! Les vrais lecteurs lisent sur papier ! »
Cet argument est tout simplement triste, car il insinue qu’il existe des vrais livres et des vrais lecteurs. Je pense que c’est confondre lecteur et collectionneur.
J’imagine bien les confectionneurs de bougies clamer haut et fort que l’électricité n’est pas de la vraie lumière, ou pour rester dans le monde du livre, les copistes déclarer que le papier ne peut produire un livre contrairement à la peau de mouton. Vous voyez l’absurdité de la chose ?
Vous avez le droit de préférer un livre papier pour les sensations olfactives et tactiles qu’il vous apporte, tout comme vous pouvez préférer avoir une bibliothèque garnie, mais tout le monde ne s’arrête pas à ces éléments.
Un lecteur de livres numériques pourra apprécier la possibilité d’obtenir gratuitement des livres du domaine public, d’emporter tout un tas de livres avec lui sans en subir le poids, d’agrandir la police d’écriture pour améliorer son confort, d’avoir un dictionnaire juste en survolant un mot, et de payer moins cher ses livres. Est-ce que cela fait de lui un faux ou mauvais lecteur ?
Plutôt que d’opposer ces deux formats, pourquoi ne pas les voir comme complémentaires ? Chacun a ses avantages et ses inconvénients, une liseuse ne peut pas remplacer les albums ou livres pop-up, tout comme elle est inadaptée pour lire des bandes dessinées, cependant, elle a beaucoup de choses à offrir et ne mérite pas tout ce dédain.
En conclusion, chaque lecteur possède un rapport différent au livre. Certains ne peuvent se passer des sensations offertes par le papier, d’autres peuvent passer outre cela. Si vous n’aimez pas le numérique, c’est votre droit, mais ne vous enfermez pas dans un mépris envers ceux qui ont choisi ce moyen.
Ne transformez pas la lecture en une affaire de compétition, car à aucun moment il n’est question de « vrais » ou de « faux » lecteurs. Une telle idée est ridicule, et les préférences de chacun ne devraient pas entrer en compte dans l’appréciation d’un livre.